Un voile de béton sur la biodiversité

Réaménagement des berges quai de la Souys

''L'espèce (Angelica hétérocarpa) présente une forte aptitude à la colonisation des berges naturelles plus ou moins enthropisées avec une densité toujours accrue sur les vases compactes et les berges naturelles ou anciennement remaniées. Elle affectionne surtout les berges argilo-vaseuses de faible pente, condition favorable aux dépôts d'alluvions et à l'atterrissement des graines. (...) L'artificialisation des berges n'est pas souhaitable. Si pour des raisons de protection civile on a recours à cette technique, préférer alors la pose de gros blocs non jointés afin de favoriser au maximum le dépôt de vase.''

In connaissance et gestion des habitats et des espèces protégées.

En déversant, sur cette berge du quai de la Souys un voile de béton armé, les services techniques (sans doute du port autonome) ont vraisemblablement paré à l'urgence de renforcer cette berge qui se délitait sous l'effet de l'érosion naturelle.

Or la solution technique retenue ne parait pas acceptable, parce que ce voile de béton presque lisse, ne laisse pas de possibilité à la vase de s'accumuler. Ce coffrage hermétique ne laissera donc pas la possibilité à la flore de recoloniser la berge, anéantissant de fait tout espoir de reconquête de ce milieu remanié par le cortège floral caractérisant la ripisylve (aulnes, saules, peupliers), et de surcroît par l'angélique.

Ensuite, par préoccupation écologique, ont été incrustées dans l'ouvrage des sortes de malheureuses jardinières. La mairie par le biais du jardin botanique y a fait, à grands renfort de publicité (article de sud ouest le 15 juin 2007), transplanter des angéliques.

C'est là que l'opération tourne au ridicule.

Sur cette berge pour le moins stérilisée, il aurait été préférable de ne rien faire plutôt que replanter une espèce qui ne trouvera jamais ici son environnement de prédilection (son écologie) et qui n'a que de très faibles chances de parvenir à maturité et donc de fructifier. Elle ne saurait trouver, si tant est quelle subsiste, le moyen de se réimplanter et de proliférer.

Bien que très anecdotique, cette opération compte tenu des réelles compétences techniques et scientifiques des différents services n'est donc pas un échec. C'est d'avantage une imposture. Ceci au point que la photo parue dans l'article de presse ne dévoile pas la médiocrité de l'aménagement ; seulement une fleur d'angélique et les visages de jeunes jardiniers de la ville, servant de caution à cette imposture écologique et médiatique.