Toilettes sèches
Pépinière NANO Bonsaï

Chaque fois que dans un monastère de Kioto ou de Nara, l'on me montre le chemin des lieux d'aisance construits à la manière de jadis, semi obscurs et pourtant d'une propreté" méticuleuse, je ressens intensément la qualité rare de l'architecture japonaise. Un pavillon de thé est un endroit plaisant, je le veux bien, mais des lieux d'aisance japonais, voila qui est conçu véritablement pour la paix de l'esprit. Toujours posés a l'écart du bâtiment principal, ils sont disposés à l'abri d'un bosquet d'où vous parvient une odeur de vert feuillage et de mousse ; après avoir pour s'y rendre suivi une galerie couverte accroupi dans la pénombre, baigné dans lumière douce des shoji et plongé dans ses rêveries, l'on éprouve à contempler le spectacle du jardin qui s'étend sous la fenêtre, une émotion qu'il est impossible à décrire. Aussi au risque de me répéter, j'ajouterai d'ailleurs qu'une certaine qualité de pénombre, une absolue propreté et un silence tel que le chant d'un moustique offusquerait l'oreille, sont des conditions indispensables. Lorsque je me trouve en pareil endroit, il me plait d'entendre tomber une pluie douce et régulière. Et cela tout particulièrement dans ces constructions propres aux provinces orientales, où l'on a aménagé au ras du plancher des ouvertures étroites et longues pour chasser les balayures, de telle sorte que l'on peu entendre tout proche le bruit apaisant des gouttes d'eau qui tombant du bord du auvent ou des feuilles d'arbre éclaboussent le pied des lanternes de pierre.

Tanizaki Junichiro L'éloge de l'ombre

Il est maintenant trop tard pour gouter à cette expérience spatio temporelle. Les toilettes ont brulées dans l'incendie de la pépinière en septembre 2009.